Pilotage d'un club de race

L’emploi du mot, parfaitement approprié à la gestion d’une race, est de Gilbert Colas. On retrouvera aussi, en italique dans le texte, des expressions imagées dont il avait le secret.

 

On pourrait même préciser pilotage à vue tant il est vrai que l’état d’une race est réel à un instant donné et doit faire l’objet de soins constants.

 

Maintenir la race en bon état, l’améliorer si faire se peut, doit être l’objectif Numéro 1 du club de race. De nombreuses tâches attendent les responsables des clubs : promotion de la race, information vers le grand public, les propriétaires de chiens, communication avec les éleveurs, les juges et experts confirmateurs, organisations de manifestations spécifiques, sélection de géniteurs potentiels de qualité, développement quantitatif ; la liste n’est pas exhaustive.

 

Gérer une race ou plusieurs races suppose, comme pour n’importe quelle entreprise, de savoir sur quelles bases on travaille, c’est-à-dire de connaître la situation du cheptel à l’instant T. Il importe aussi que les responsables du Club se fixent des objectifs et des priorités, que ces objectifs soient raisonnables et tiennent compte des différents facteurs que sont nombre annuel de naissances, diversité génétique dans la race et problèmes potentiels ou déjà rencontrés.

 

Connaissance de l’État de la race

Rien ne peut être fait sans connaissance et prise de conscience de l’état du cheptel

Des données statistiques telles que nombre de naissances annuelles sont faciles à obtenir et font l’objet d’une publication de la SCC.

 

Pour le reste, il appartient au club de race de se livrer à des investigations, d’être à l’écoute pour ne pas dire à l’affût et d’organiser des manifestations qui permettent d’avoir une vision globale du cheptel.

 

Les responsables de Club de race doivent avoir présent à l’esprit qu’il existe chez tout organisme vivant des caractéristiques indésirables, héréditaires ou non et qu’il est essentiel pour les éleveurs et le Club de race de connaitre l’état de la race à cet égard. Ces caractéristiques peuvent être des défauts par rapport au standard (taille, problèmes dentaires, problèmes de couleur, de texture de poil, etc.…). Il peut aussi s’agir d’affections plus ou moins invalidantes telles qu’anomalies de locomotion, de construction ou des organes des sens. Ce n’est pas parce qu’on parle de maladie qu’on est malade et il ne faut pas avoir peur d’en parler. Lorsque dans un Club, on signale les cas rencontrés de défauts invalidants, cela ne signifie pas que les chiens de cette race sont en mauvaise santé. Cela montre tout simplement que le Club remplit correctement sa mission et que ses dirigeants veillent au grain. L’expérience montre d’ailleurs que parler d’un problème rencontré fait souvent « disparaître le problème », s’il est très peu fréquent. Disparaître est entre guillemets car parler de l’éradication d’une tare génétique est impropre ;  il vaut mieux parler de réduction de l’incidence d’une tare.

 

Mais ne nous leurrons pas ! Parce qu’il s’agit d’êtres vivants, ces caractéristiques restent plus ou moins cachées dans le génome, prêtes à ressurgir si on n’y prend pas garde, c’est pourquoi la remontée de l’information est essentielle.

 

Moyens de connaissance

Je mets en premier la confirmation qui est un moyen d’information important quoi qu’on en dise car elle concerne environ 30% du cheptel, toutes races confondues, ce qui n’est vraiment pas négligeable. Supprimer cette confirmation consisterait à priver les clubs de race d’un moyen simple de détection de tares invalidantes ou non et visibles à l’œil nu. Les observations des juges lors des expositions toutes races peuvent également représenter une source d’informations précieuses.

 

Nationales d’élevage, régionales d’élevage, spéciales de race constituent un niveau supérieur d’observation du cheptel. Cela fournit des indications sur le phénotype, la conformité au standard mais aussi sur le génotype pour les défauts comme pour les qualités lorsque des sujets apparentés sont présents. Quand un défaut est rencontré de façon récurrente à un moment donné (par exemple prognathisme, tailles à la limite acceptable du standard, couleurs de poils ou longueurs de poils non conformes au standard.) ou des qualités (types, proportions, équilibre de caractère, qualité de la construction), cela donne des éléments d’appréciation du cheptel. Les commentaires de jugement lors des expositions et a-fortiori lors des manifestations spéciales de race constituent une mine de renseignements intéressante et ce, d’autant plus que le juge a été précis dans ses notes.

 

Les informations fournies par les éleveurs et les propriétaires particuliers sont indispensables. On se heurte souvent malheureusement au secret pour « ne pas porter préjudice à l’élevage », c’est une grande erreur qui travaille à l’encontre de l’intérêt de la race mais également de l’éleveur car les choses finissent toujours par se savoir. Elever sans la moindre anicroche suppose, soit un degré de chance très élevé, toujours aussi envisageable statistiquement parlant que de gagner au loto, soit que l’éleveur ait une grande propension à se prendre pour une autruche, ce qui semble mathématiquement plus probable. Bien évidemment, cela dépend aussi du nombre de portées produites. Ceci étant, il est certain qu’un éleveur met les chances de son côté et se donne les moyens d’augmenter la bonne qualité moyenne des chiots en sélectionnant avec soin ses géniteurs et non au petit bonheur la chance. Le Club de race peut contribuer à cette sélection par le biais des cotations.

 

Les observations faites par les vétérinaires constituent une aide précieuse pour le club de race, dès lors que ces informations lui sont fournies, soit parce que le praticien conseille à son client de contacter le Club de race, soit parce qu’il informe directement le club de race qu’il a rencontré tel ou tel défaut ou maladie réputée héréditaire. Evidemment, dans le second cas, cela n’indique pas dans quelle lignée, ni sur quel chien le cas a été observé, mais l’information est toujours intéressante à recueillir. Le club de race doit alors en parler dans ses publications et en réunion de commission d’élevage. Cela permet bien souvent à d’autres cas d’être signalés. On peut parler de « tare-vigilance ».

 

Les publications ou la littérature sur le sujet sont également une source d’informations lorsqu’une tare est clairement identifiée et que son mode de transmission est connu. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

 

Objectifs et moyens d’action

Au préalable, il faut savoir contre quoi et pour quoi on se bat.

 

De la même façon qu’un éleveur doit avoir un programme d’élevage, un club de race doit établir, une liste de ses priorités, des défauts indésirables, des qualités à privilégier, du développement quantitatif qu’il estime favorable.

 

Lutte contre les défauts indésirables

Contrairement à une idée reçue qui heureusement semble tomber en désuétude, c’est quand une tare est peu répandue qu’il est facile de la combattre avec rigueur. C’est dès la découverte, qu’il est facile de lutter efficacement. Alors bien sûr, quelques cas ne déclenchent pas le plan ORSEC, on fait alors de l’information et de la recherche. Des cas significatifs provenant de diverses origines, et qui semblent augmenter en fréquence, indiquent une alerte sérieuse et justifient le début du combat. Vouloir prendre des mesures drastiques lorsque le niveau de pollution d’une race à l’égard d’une tare est élevé équivaut à un génocide et peut parfois favoriser l’émergence d’une autre tare qui peut être aussi invalidante que la première. Quand on parle de pilotage à vue …Mais cela ne signifie pas qu’il faille baisser les bras pour autant. Les mesures doivent être adaptées à la situation, c’est tout. Elles dépendent du niveau de handicap généré par la tare considérée, du mode de transmission, des moyens de diagnostic ou de connaissance des sujets atteints ou porteurs s’il y a lieu.

 

Se priver de quelques géniteurs, soient-ils champions, dans une race à effectifs suffisants n’est jamais dramatique.

 

Il est souhaitable que les responsables des clubs de races aient un bon niveau de connaissances cynotechniques et qu’ils puissent bénéficier des conseils éclairés de généticiens professeurs d’école vétérinaire ou chercheurs expérimentés en la matière. Cela ne pose pas de problème, nous connaissons le dévouement de beaucoup de ces scientifiques vis-à-vis des clubs.

 

On ne lutte pas de la même façon contre une tare mendélienne récessive, une tare dominante à pénétrance variable, une tare à transmission polygénique dépendant de facteurs environnementaux et il est vraiment important de pouvoir identifier le mode de transmission d’un défaut héréditaire pour pouvoir lutter contre lui. Cette identification suppose une bonne remontée de l’information et une étude des données fournies. Si la tare est clairement identifiée et qu’on connait son mode de transmission, les choses sont bien évidemment plus faciles.

 

L’émergence de la génétique moléculaire a suscité de grands espoirs mais il faut aussi avoir conscience de ses limites, en tout cas actuelles : déclarer un chien indemne d’une tare donnée s’applique de façon précise à la tare en question et pas à ses « cousines » et le plus souvent à une race donnée. Des affections très voisines peuvent en effet échapper à un diagnostic clinique différentiel mais requérir des tests génétiques spécifiques (Professeur Bernard Denis).

 

Développement des caractéristiques bénéfiques dans une race

Il est bien connu que « les gens heureux n’ont pas d’histoire » et si on parle moins des caractéristiques bénéfiques, la transmission de ces qualités est tout aussi importante dans la gestion de la race que la lutte contre les défauts indésirables.

 

La Grille de cotation mise en place par le club permet de mettre en avant de potentiels géniteurs avec des degrés de performance plus ou moins élevés. Il est souhaitable que tous les chiens cotés reproduisent. Le Club publie la liste des cotations et leur mise à jour. Il ne faut pas rejeter pour autant les géniteurs qui ne figurent pas sur cette grille de cotation mais encourager un maximum de propriétaires de permettre à leur chien d’« entrer dans la Grille de cotation ». C’est en outre le meilleur moyen de donner un avis objectif sur un chien, sur ses collatéraux ou parents, performances caractère ou utilisation pour les races soumises au travail, niveau de conformité au standard. Pour ce qui concerne le niveau conformité au standard, l’inflation du qualificatif Excellent, qui est une généralité internationale a diminué la précision de connaissance à cet égard. Mais d’un autre côté, cette tendance, qui, répétons le, n’est pas une particularité nationale, est de nature à favoriser la diversité génétique dans une race. Alors …

 

Les cotations servent à « tirer l’élevage vers le haut », encourager la production de chiots de qualité et améliorer la qualité dans la race. Elles ne doivent pas servir à jeter l’opprobre sur les chiens non cotés. De la même façon, les clubs mettent en place des chartes d’élevage qui ne doivent pas être destinées à rejeter des éleveurs au bénéfice d’autres mais s’inscrivent dans la mise en place d’une politique d’effort mutuel club-éleveurs vers l’amélioration de la qualité de la race.

 

Les cotations donnent une indication sur le phénotype et le degré de performance d’un sujet pour les points 1 à 4, auquel s’ajoute une meilleure connaissance du génotype pour les cotations 5 et 6 qui concernent la qualité de la descendance d’un reproducteur. Cette connaissance du génotype est bien évidemment partielle, elle est d’autant meilleure qu’un grand nombre de descendants et collatéraux du sujet considéré est connu.

 

« Est-ce à dire que la cotation d’un géniteur garantit la qualité de ses descendants ? Ce serait trop facile et on doit plutôt parler de probabilité. Un brillant niveau d’études ne garantit pas la réussite sociale, avoir un niveau d’études très modeste n’empêche pas la réussite sociale. Mais la probabilité de réussir socialement parlant fait pencher la balance vers le premier cas ».

 

Alors ? Les cotations utiles ? Oui, pour donner une indication objective sur la valeur potentielle d’un géniteur. Oui, pour donner le choix d’un grand nombre d’étalons potentiels susceptibles d’être bénéfiques à la race.

 

Et l’utilisation des Champions ? Il n’est jamais souhaitable qu’un champion fasse de nombreuses saillies dans une race, cela se fait au détriment de la diversité génétique, il faut aussi attendre de voir la qualité de ses produits. « Les exemples ne sont pas rares d’étalons mitraillettes dont on s’aperçoit après coup qu’il véhiculait, bien « planqués » dans ses gènes des caractéristiques hautement indésirables ». A l’inverse, les étalons bénéfiques pour une race existent aussi heureusement, mais ce n’est pas pour cela qu’il est souhaitable qu’ils fassent un grand nombre de saillies.

 

Le Club de race doit avoir pour objectif de faciliter l’accès à la Grille de sélection d’un grand nombre de géniteurs. Cette grille de sélection doit donc être accessible à un grand nombre de chiens. Il ne faut pas perdre de vue que la majorité des acquéreurs de chiots souhaite avoir un chien en bonne santé et bien dans sa tête et … c’est heureux !

 

L’homogénéité dans la race est-elle indispensable ?

Faut-il en faire une priorité ? A l’heure actuelle, on est bien persuadé que non et que les variations possibles à l’intérieur d’un même standard sont un élément favorable à une bonne variabilité génétique. Un degré important d’homogénéité dans une race implique qu’un niveau élevé de consanguinité ait été utilisé, ce qui est dangereux à l’échelle de la race (on parle à l’échelle de la race et pas au niveau de l’éleveur). Il n’en va pas de même pour l’éleveur pour lequel l’utilisation de la consanguinité relève de la responsabilité et des buts qu’il s’est fixés. S’il se trompe, c’est à lui qu’il porte préjudice (et aux chiens qu’il a produit) mais cela n’a que peu d’incidence sur l’état de la race, sauf dans le cas d’une race confidentielle dont il serait le seul ou un des seuls éleveurs naturellement.

 

« Au total, la consanguinité fait partie des méthodes auxquelles l’éleveur peut recourir dans le cadre de sa politique de sélection. Il n’y a pas à lui conseiller ou lui déconseiller de le faire dès lors que les risques éventuels ne concernent que son élevage : cela ne regarde que lui. En revanche, on n’insistera jamais trop sur les dangers d’une réduction excessive de la variabilité génétique liée à l’utilisation des mêmes reproducteurs mâles et de leurs descendants à l’échelle de l’ensemble de la race (Professeur Bernard Denis conférence de Metz 2010) ».

 

Formation des juges

Elle est un élément essentiel dans la gestion d’une race car les juges ont le pouvoir d’orienter la sélection, elle doit être ni trop laxiste, ni trop exigeante. Un juge qui demande à étendre ses compétences devrait déjà assister à la Nationale d’Elevage où il pourra rencontrer un grand nombre de sujets et recueillir des enseignements de juges connaissant bien la race. C’est une richesse pour une race que d’avoir beaucoup de juges, cela permet au club de sélectionner ceux qui lui manifestent un intérêt particulier et aux exposants de ne pas « tomber » toujours sur les mêmes. Cela favorise une bonne participation aux expositions spéciales ou à la nationale et est donc à même de favoriser une bonne connaissance du cheptel.

 

Avoir dans une race des juges provenant d’horizons divers est nécessaire, cela ne réduit pas pour autant la compétence de juges dits spécialistes mais évite la pensée unique préjudiciable à la diversité génétique dans le cheptel. Faire juger les principales manifestations de la race par quelques juges, toujours les mêmes, est de nature à faire confondre une race avec une lignée consanguine dont les individus devraient ressembler à des clones. Donc parmi les nombreuses tâches qui incombent aux clubs, le devoir de formation de juges suffisamment nombreux est essentiel.

 

Développement quantitatif

Il doit se faire de façon raisonnable. Une croissance quantitative exponentielle n’est, sinon jamais, du moins rarement accompagnée d’un accroissement de la qualité dans une race. Les exemples ne sont pas rares ; la production augmente, la mode est là, les éleveurs se frottent les mains, le club de race aussi …dans un premier temps. On a eu ainsi des races au développement spectaculaire, doublant, quintuplant leur nombre annuel de naissance en trois coups de cuillère à pot. S’il s’agit d’une race à effectif déjà important, le risque est beaucoup moins grand, la diversité génétique inhérente au nombre permet de rectifier le tir en cas de problème et ce d’autant qu’il y a également à l’étranger un réservoir de reproducteurs. Non, le problème existe plutôt dans le cas d‘une race à faible effectif, brutalement poussée sur le devant de la scène par un évènement fortuit, le soufflé retombe d’ailleurs de lui-même au fil des années le plus souvent.

 

Se donner des objectifs à cet égard, suppose là aussi de bien connaître le marché potentiel et de faire preuve de bon sens. Il est des races de chiens à portée de « tout public ». Il en est d’autres pour lesquels ce n’est pas le cas et le Club de Race à un devoir d’information à l’égard des futurs acquéreurs. Une race à fort caractère, par exemple, n’est pas faite pour tout le monde et il importe que ce fait soit connu. L’acquéreur potentiel, dans la majorité des cas, est néophyte et ne mesure pas les difficultés qui peuvent surgir dans la vie quotidienne si le choix d’une race s’est fait au hasard ou à la suite d’un phénomène de mode. Un chien de grande taille n’est pas fait pour vivre dans un petit appartement en ville sauf cas particulier. Le problème, dans ce cas, étant autant pour le propriétaire du chien que pour le chien lui-même. La législation qui impose de donner des conseils à tout acquéreur de chiot se justifie pleinement. De nombreux clubs réalisent des livrets chiots à l’usage des éleveurs particuliers ou réguliers. En règle générale, une croissance régulière et adaptée à la potentialité de la « clientèle » est souhaitable. Dans le cas de phénomènes de mode, le club ne peut qu’assister impuissant, à cette croissance exagérée et surtout trop rapide. Là où il peut agir, c’est au niveau de la vigilance et des exigences de qualité qu’il se fixe.

 

La vie d’un club de race n’est pas un long fleuve tranquille …

L’aspect cynotechnique en est un des piliers, le plus important probablement. Mais ce n’est pas celui qui prend le plus de temps de ses dirigeants lesquels doivent aussi et inlassablement communiquer à l’intérieur du Club comme à l’extérieur.

 

Communication intrinsèque et extrinsèque du Club de Race

La communication est le maître-mot. Elle doit s’adresser à la base, propriétaires particuliers et éleveurs, mais aussi aux juges qui sont à même d’orienter la sélection. Le club peut agir par le biais des cotations pour lutter contre la propagation d’une tare invalidante en exigeant des tests de santé.

 

Le Club communique vis-à-vis de ses adhérents, des éleveurs adhérents ou non, des acquéreurs potentiels, du grand public et de la SCC à laquelle il est affilié.

 

Le bulletin est essentiellement destiné aux adhérents et aux éleveurs de la race, adhérents ou non, et juges. Le bulletin rend compte des expositions spéciales de race, des régionales d’élevage, manifestations du club, réunions diverses ; il comporte aussi des informations et articles d’intérêt général.

 

La communication « grand public » se fait beaucoup par le site web dont disposent la plupart des clubs de race. Ce site permet également de faire passer des informations aux adhérents. C’est une arme à double tranchant, la tentation étant là, si trop d’informations circulent sur ce site de ne pas payer de cotisation puisque « tout « ou presque est là. Donc, il y a une réflexion à faire sur les informations à distiller par le biais d’Internet. Il est néanmoins bien évidemment souhaitable que tous les amateurs d’une race et les éleveurs, adhèrent et fassent adhérer au club de race, c’est une façon de la protéger.

 

Les expositions spéciales, la nationale d’élevage, de même que toutes les manifestations organisées par le club sont un moyen de promotion d’une race. Les articles publiés dans les médias le sont aussi. Le salon de l’agriculture est une véritable vitrine pour les clubs de race, gratuite et un moyen de communication vers le grand public sans égal. En 2010, 400.000 visiteurs sont passés par le hall où se situe la SCC. Le club doit donc encourager la participation au CGA (Concours Général Agricole) et au village de races.

 

De la difficulté des Clubs de race à mettre en œuvre leur politique

L’intérêt de l’individu propriétaire d’un chien ou d’un éleveur va parfois à l’encontre de l’intérêt de la race. On conçoit aisément que l’intervention d’un club puisse faire l’objet de pressions, voire de manifestations violentes pour tenter de détourner les dirigeants du club de ce qui est leur devoir. En ce qui concerne l’éleveur, il s’agit de l’intérêt à court terme, car il est bien évident qu’à moyen et à long terme une politique de sélection raisonnable ne peut qu’être bénéfique à tous les éleveurs. Evidemment la tentation est grande pour celui dont le chien n’a pas de bonnes hanches ou à l’éleveur qui refuse de radiographier ses géniteurs de déclarer que cela ne sert à rien. Les clubs qui travaillent sur le sujet depuis un certain nombre d’années peuvent témoigner du contraire. Ceci étant et c’est pour cela qu’il est essentiel de connaitre le moyen de transmission d’une tare dont on veut diminuer l’incidence, le caractère polygénique de ce défaut explique parfaitement que l’amélioration ne puisse qu’être lente et nécessiter une grande constance. Cela implique également que la connaissance de l’état des ascendants et des collatéraux soit importante. De la même façon, si le Club décide de prendre des mesures drastiques pour empêcher la propagation d’une tare mendélienne, le propriétaire d’un chien exprimant la tare peut être tenté de crier au génocide pour protéger « son » chien et ce qu’il estime être ses intérêts personnels. Ce sont sans doute des réflexes humains naturels. Les responsables du club doivent rester stoïques à cet égard. Ils doivent également bien peser le pour et le contre avant de prendre une position de cet ordre et demander conseil à des généticiens. Le dernier mot, sur proposition du club appartient de toute façon à la Commission d’Elevage ou à la Commission scientifique de la SCC. Le Club qui a mis en place une politique d’éradication doit exercer régulièrement un réexamen de la situation et envisager s’il le faut une réadaptation.

 

Le club peut agir par le biais de la confirmation dans le cas d’une tare indésirable figurant comme un défaut inacceptable dans le standard, ou invalidante et à composante mendélienne (ou qualitative). Il peut également agir par le biais de la Grille de cotation pour des défauts de moindre gravité ou à transmission polygénique c’est-à-dire dépendant également de facteurs environnementaux.

 

On comprend alors très aisément que la multiplicité des clubs de race aille à l’encontre d’une réelle politique de sélection en vue de l’amélioration du Chien de race ; le « clientélisme » que cela induirait entrainerait immanquablement un relâchement des degrés d’exigence.

 

Le Club de Race qui a mission de gérer la race, et pour certains plusieurs races, se doit en échange d’avoir une politique de stricte neutralité vis-à-vis de tous. Il doit informer tous les éleveurs de la race, adhérents ou non du Club en leur donnant accès aux informations du bulletin, et à ses directives d’élevage.

 

En conclusion

On voit aisément que des compétences multiples sont nécessaires chez les responsables des associations qui gèrent les différentes races de chiens ; le comité idéal est composé d’une pincée de personnes à même d’avoir des connaissances cynotechniques (vétérinaires ou personnes de formation scientifique), d’une pincée de juristes, de personnes douées pour la communication, de rédacteurs pour le bulletin, d’éleveurs mais aussi de particuliers passionnés par la race, de bricoleurs et de gros bras, de personnes ayant des connaissances comptables. L’équilibre entre ces différentes catégories au sein d’un comité est un véritable atout. Heureusement, si ce n’est pas le cas, il est rare que ne se trouve pas au sein des adhérents d’un club, un ou plusieurs membres ayant les connaissances manquantes et qui peuvent être de bon conseil.

 

Qualités indispensables pour un membre du Comité : bonne volonté, désir de se retrousser les manches, une bonne dose d’abnégation et beaucoup d’humour. C’est ce qui permet de résister aux inévitables « iakafokons » proférés par des individus que personne n’a jamais vu lever le petit doigt. La critique constructive étant, elle, toujours intéressante à entendre et méditer. Et puis, bien sûr la passion qui fait qu’on résiste aux 35 heures multipliées par x, aux coups de fil du dimanche ou de la soirée, aux critiques destructrices ou aux propos acerbes. Il n’y a que des bénévoles pour accepter cela ! A côté de cela, il y a heureusement le plaisir du travail en équipe, les rencontres et le copinage entre gens de tous milieux sociaux réunis par la passion du chien.

 

Promotion de la race, conformité au standard, développement qualitatif et quantitatif, information des propriétaires, des éleveurs et des juges, organisation de manifestations spécifiques, le tout dans une ambiance « bien évidemment idyllique » … La vie d’un club de race n’est pas un long fleuve tranquille… Mais quand on aime, on ne compte pas !

 

Anne-Marie Class